Comme souvent je commence par m’interroger quand j’ai l’impression que les gens ne comprennent pas ce que je fais. Puis plutôt que de me mettre à râler je me dis Bah oui mais c’est à MOI de leur expliquer. Si moi je ne fais pas la promotion de ma technique personne ne le fera pour moi. Aujourd’hui j’ai décidé de te monter pas à pas comment je travaille quand j’imprime. Si tu es arrivée jusqu’ici c’est sûrement parce que ça t’intéresse. Je suis tombée en amour de ce procédé il y a très longtemps. Si ça se trouve tu n’étais même pas née! Ma maman était bibliothécaire. Je le suis devenue aussi tu me diras. Mais je ne compte pas faire ça toute ma vie. Je compte même arrêter très prochainement.Avant de devenir bibliothécaire elle avait fait les Beaux Art.Elle est donc arrivée dans la métier avec un profil pour le moins atypique. ATYPIQUE c’est le mot qui revient souvent quel que soit l’endroit où je suis. Chez les bibliothécaires, chez les entrepreneurs, avec mes amies. Mais à 35 ans je peux accepter l’idée que je le suis un peu. Mais revenons à notre plomb. Quand ma maman a vu qu’on jetait du matériel d’imprimerie typographique dans les années 80 elle a tout de suite su qu’il fallait en récupérer et même continuer à l’exploiter. Aussi tous les mercredi après midi pendant 25 ans environ, ma Maman a appris et transmis la technique de l’impression typographique et celle de la linogravure. Du coup, j’avais dans le nez quand j’allais la rejoindre à son travail l’odeur de l’encre, et celle du papier.
Voilà. Tout ça pour dire que parfois quand je parle de mon métier j’ai tendance à oublier que le vocabulaire que j’emploie n’est pas une évidence pour tout le monde. Aussi j’ai décidé de profiter du dernier sachet que j’ai fabriqué pour te faire une démonstration step by step OUHOU BABY de toutes les étapes par lesquelles je passe pour aller de là photo ci-dessus jusqu’à la photo ci-dessous.
Ce magnifique casier de motifs décoratifs m’a été offert par un ancien imprimeur. Je n’avais pas encore eu la possibilité d’en utiliser. C’est maintenant chose faite grâce à ce projet. Bien sûr j’ai commencé par utiliser les étoiles.
Au départ il faut trouver une idée. Je n’avais jamais vu (attention COMING OUT) Peter pan. Je l’ai regardé avec ma fille Z&lie et j’ai été emportée. Je te l’ai déjà dit, mon propos c’est de mettre des idées en objets. Et qu’est ce qu’elles sont jolies les idées de Monsieur Disney. Du coup, j’en suis ressortie avec l’envie de fabriquer de la Poudre d’atmosphère. J’avais déjà fabriqué cette boîte là, et j’ai eu envie de la compléter par un petit sachet magique.
La première étape de travail c’est de sélectionner les caractères d’imprimerie pour composer le texte à imprimer.( Autre COMING out ( parce que je n’aime pas les gens qui se la pètent et qui n’avouent jamais leur faille) La première fois que j’ai mis le nez dans mes casses d’imprimerie je me suis dit FOUILLOUILLOUILLE il va falloir que je redresse tous ces caractères pour savoir où sont les lettres dont j’ai besoin. Ca va être long et fastidieux de composer des textes. Pour bien illustrer c’est comme si tu avais pris en main un clavier d’ordinateur en fermant les yeux et en te demandant comment tu allais faire pour savoir où taper. Et puis j’ai une une illumination de très faible intensité.
Les casses d’imprimerie sont classées de façon standard. Il y a des variantes selon les pays je crois. Mais bon globalement c’est plus simple de chercher les lettres dont tu as besoin quand tu as ce tableau de classement des caractères sous la main. Ne me remercie pas. Si mes erreurs de débutantes peuvent au moins servir à ça. Ensuite il faut faire ce que j’appelle le serrage. N’attends pas de moi que je te donne les termes techniques exacts. Je vais déjà te faire cadeau de ceux que j’emploie. Ensuite on verra plus tard toi et moi pour utiliser les termes pro. Le serrage consiste à bloquer tous les caractères afin qu’ils ne bougent pas d’un pouce au moment ou on passera le rouleau pour les ancrer. Le serrage sert aussi à justifier le texte comme dans WORD. Il y a plusieurs façons de le faire. La façon orthodoxe et la mienne. En général on utilise un cadre dans lequel on place les caractères d’imprimerie. Ainsi que des barres d’aluminium. On finit pas verrouiller avec des barres que l’on serre avec un vis spécial comme sur la photo ci-dessous empruntée à David Wolske.
Voici à quoi ressemble le plateau de ma presse en cours de travail.
Voilà à quoi ressemble le plateau de ma presse une fois le serrage effectué.
Comme j’aime bien être efficace et que j’ai souvent, pour ne pas dire tout le temps plusieurs choses sur le feu, j’utilise des aimants très puissants pour faire mes calages. De ceux qu’on récupère dans les haut parleur.
Ensuite il faut faire son mélange. J’utilise de l’encre à linogravure diluable à l’eau. Je l’achète sur le site du Géant des Beaux Arts. Tu peux aussi utiliser ces encres et les rouleaux pour imprimer avec des tampons elles sont parfaites. Le mieux pour étaler l’encre c’est une plaque en verre. Pour ma part pour une question pratique -et parce que je suis HYPER maladroite – j’utilise des plaques de mélaminés. Oui comme le buffet de ta Mamie. Facile à nettoyer, légere et juste à la bonne dimension de ma table de travail. Je te dis le 1er secret que m’a appris ma maman. Pour la linogravure il faut faire une couche d’encre épaisse et pour la typo il faut la tirer au maximum. En croix. Une fois dans un sens un fois dans l’autre jusqu’à obtenir un beau rectangle. Ensuite il faut appliquer l’encre sur le haut des caractères en tenant le rouleau quasi à la verticale sur la partie des caractères qui sera imprimée. En veillant à ne pas mettre d’encre à côté. De la même façon que pour étaler l’encre. Une fois dans un sens, une fois dans l’autre. En faisant attention à ne pas trop charger les caractères car ça fait une impression baveuse dans ces cas là.
J’ai une presse à épreuve. Sidonie. Les imprimeurs donnent généralement des noms à leur presse. Je veux être imprimeur. J’ai baptisé la mienne. C’est une presse très basique. Il n’y a même pas de système de calage du papier. Mais je pars du principe qu’en travaillant avec des outils qui rendent le travail un peu compliqué je ne pourrai que faire de mieux en mieux en améliorant la qualité du matériel que j’utilise. Ce qui va arriver sous peu puisque je déménage mon atelier cette semaine. Je te ferai évidement une note exprès pour te faire visiter.
Pas de calage du papier signifie que je n’ai pas de pince sur le haut de ma presse qui maintient le papier en place. Donc que je travaille comme un funambule sur un fil. Mais sans fil. Malgré ça j’arrive à avoir des impressions de plus en plus propres.
Alors imagine quand j’aurai rapatrié Marguerite la presse à platine qui m’attend chez mon amie à Paris.
Du coup, l’impression avec ma presse à épreuve demande un certain coup de main. C’est à dire que tout est dans la rapidité pour pousser le rouleau. Afin que le papier ne bouge pas.
ABRACADABRAAAA! Le moment magique qui est une surprise à chaque fois. Celui que je préfère. Celui que je prends systématiquement en photo quand j’anime un atelier. Celui qui t’apporte le plus de satisfaction. Le moment où l’encre rencontre le papier. Il y a d’ailleurs un studio de Letterpress qui s’appelle comme ça. INK MEET PAPER.
L’inconvénient quand on travaille avec une encre diluable à l’eau c’est qu’on ne peut plus y toucher ensuite. Hors, j’applique en général mes impressions sur des boîtes. Du coup j’avais un problème car mon encre fusait au moment de l’application de la colle.
Cette boîte est actuellement en vente sur la boutique.
Heureusement j’ai des copines qui font du scrap! ENFIN une amie qui m’a généreusement expliqué comment elle faisait pour embosser. C’est Emilie des Papiers Z’enchantés. J’ai essayé cette technique avec l’encre typographique. Ce jour là un monde s’est ouvert à moi parce que grâce à elle j’allais pouvoir mettre des PAILLETTES partout!!!
Il suffit ensuite de chauffer avec un fer à embosser et HOP tu peux finir tes sachets hyper rapidement puisque l’encre à sécher avec les paillettes à embosser. J’utilise celles de la marque Aladine. J’en ai essayé d’autre mais ce sont celles que je préfère.
Voilà pour une première fois un gros plan sur ma façon de travailler.
Tu retiendras donc:
– que si tu ne veux pas de paillettes sur ton projet il vaut mieux me le dire dés le départ. Parce que chez Graine de Carrosse les paillettes ce n”est JAMAIS en option.
– que je suis prête à relever n’importe quel défi technique pour que tu ais les faire part que TU veux.
– que j’ai hâte de pouvoir partager encore et encore le BONHEUR que procure l’impression typographique avec toi.
& que cela sera peut-être possible bientôt dans mon nouvel ATELIER de grande dans lequel je déménage la semaine prochaine au sein du F.A.T (Formidable Atelier de Transformation).
Et toi c’est quoi ton histoire avec l’impression typographique? Si tu es arrivée ici c’est que tu aimes ça. Je serais curieuse de savoir pourquoi?
Merci pour ce zoom sur ton futur métier à plein temps, c’était passionnant! J’aime les jeux de mots, l’écriture, les âmes rêveuses, les mots nouveaux (même techniques!)et les belles lettres… J’avais eu la chance de visiter l’imprimerie d’un vieux journal toujours fait à l’ancienne “Le Démocrate” à Vervins (02) (peut-être en as-tu entendu parler?) et je retrouve dans ta technique ce savoir-faire artisanal qui rend les mots authentiques et uniques tout en poésie! Bravo!
Et vu la qualité de tes bijoux tu dois déjà avoir bien bien avancé sur le côté technique de ton domaine! J’adore!
J’adore le coté technique de la création. C’est pour moi aussi jubilatoire de dompter une technique, de l’améliorer, de la faire évoluer, que d’admirer le résultat qu’on obtient !
Nous ferons sûrement un moment festif pour faire découvrir notre collectif! je vous tiendrai bien sûr au courant! Avec plaisir!
Merci Nadine! Je vais effectivement goûter au repos de l’esprit que m’offre cette nouvelle perspective de vie!
Merci d’avoir pris le temps de l’écrire! Ton blog est super!
Et me rappelle un de mes rêves donc un de mes objectifs…un jour je serai dans
Marie-Claire idées! j’adore cette revue!!!
Quand à l’amour des mots et des typos comment te dire 🙂
arrivée là car la photo vue sur FB m’a fait rêver : des casses pleines de lettres… j’adore.
j’ai grandi dans une maison pleine de livres, j’aime la typo pour la beauté des lettres, la diversité de ce que l’on peut transmettre juste en changeant une police de caractère…
et maintenant, je bosse dans une maison d’édition… autant te dire que la typo est un peu mon quotidien 😉
par ailleurs, dans mon mon métier de créatrice, le graphisme joue un grand rôle et est une de mes principales inspirations.
merci pour ce bel article !!
et j’aime beaucoup ce que tu fais !
J’ai pris beaucoup de plaisir à te lire et découvrir ton savoir faire .Tu es très pédagogue : normal avec tes racines .
Jouer , créer avec les lettres c’est merveilleux C’est un matériau inépuisable et comme tu as une créativité que beaucoup pourrait t’envier , c’est formidable pour nous tes fans de voir que tu nous sors toujours des choses inimaginables .Continue de nous faire rêver et très bonne continuation dans ton nouvel atelier .
Fantastique ( ! ) ton article, Gaëlle. Quel plaisir de découvrir la façon dont tu fabriques ces objets si poétiques…
Quand tu seras installée dans ton nouvel atelier, si tu fais des portes ouvertes, si tu organises un atelier, n’oublie pas de prévenir. J’aimerais bien venir admirer tout ça de plus près.
Merci pour cette belle balade
Les paillettes, ce n’est JAMAIS en option, çà me parle
😉
J’aime les mots, çà se résume un peu à çà ! Et en même temps, un champ de possibles s’ouvre : écriture, typo, reliure…
Mais tu le sais déjà 🙂
Avec plaisir! La formule est encore à parfaire! La prochaine fois y aura un tuto dedans 🙂
Oh merci pour ce magnifique article 😀 j’ai adoré … l’impression de tomber dans ton monde enchanteur !!!
Bravo bravo et vivement le prochain 😉 … bonne suite !
De l’or!!! Qui brille?!
Quel chance! Relieur…ça aussi c’est
Un métier qui déchire. Et tout ce matériel dort ou
Tu t’en sers encore?
Pourquoi ? Parce qu’un père amoureux des mots (des livres, des mots dans les livres…) une mère professeur de travaux manuels (du temps où ça existait dans les collèges et les lycées), et un grand père relieur d’art (mais pas que… encadreur aussi) qui imprimait des lettres et des dessins sur les couvertures en cuir qu’il réalisait avec…de l’or !! madâââme ! du vrai ! et j’ai gardé tout le matériel…sauf que j’ai du revendre sa presse…